À utiliser en cuisine, pour parfumer la maison, le bain, pour leurs vertus cosmétiques et médicinales… Mettez les plantes aromatiques à portée de main en les cultivant au jardin : le choix est vaste et leur culture souvent facile.
Persil, menthe, thym, romarin, ou – moins connues – pimprenelle, oseille, raifort, calamenthe… Difficile de faire un choix quand on souhaite débuter un jardin d’aromates. Le plus simple est de choisir les plantes que l’on privilégie en cuisine et celles dont on apprécie le parfum. Il est assez facile de se procurer des plants issus de l’agriculture biologique. Un peu plus coûteuse que le semis, cette solution garantit au départ des plants de qualité, pour cultiver quelques pots ou un petit potager. Parmi les plus classiques, la ciboulette et l’origan servent à la cuisine estivale, et la lavande pour parfumer la maison. Les vivaces, comme le thym et la menthe, prendront de l’ampleur d’une année sur l’autre : pas besoin d’en racheter.
Pour faire pousser de plus grandes quantités (et faire des réserves pour l’hiver) ou encore obtenir des plantes un peu plus rares, mieux vaut avoir recours au semis. Pour Brigitte Lapouge-Déjean, jardinière bio coauteure du livre Créer son jardin d’aromatiques bio (lire en encadré), tout est question d’envie. “Pour vous lancer, ne vous demandez pas ce qu’il est possible de faire, mais ce que vous avez envie de faire, affirme-t-elle. Il existe par exemple 50 variétés de menthe avec, chaque fois, des parfums différents, certaines sentent l’ananas ou le citron !”
Un jardin de senteurs
Les plantes aromatiques ne nécessitent pas forcément beaucoup d’espace : un pot et un peu de terre peuvent suffire. À l’inverse, si vous avez de la surface, pourquoi ne pas jouer les médiévistes et cultiver un jardin de simples en carré de plantes médicinales et condimentaires ? Les plantes aromatiques, par définition très odorantes, attirent les abeilles et autres insectes butineurs. Les planter en les mêlant à votre parterre de légumes permet aussi d’éloigner les nuisibles : une aubaine dans un jardin bio. Brigitte Lapouge-Déjean évoque volontiers des potagers de grands-mères où se mélangeaient toutes sortes de cultures, notamment condimentaires, utilisées ensuite en cuisine. “Ces plantes, qui ont une odeur très forte, vont brouiller le sens olfactif des insectes qui ont alors du mal à trouver la plante qu’ils recherchent et sur laquelle ils vont pondre. Nous avons fait des essais dans notre jardin expérimental (les Jardins d’Albarède en Dordogne) avec la sauge sclarea, une plante qui sent vraiment très fort. Elle était employée au Moyen-Âge pour éloigner les insectes nuisibles des maisons, pour ranger les fourrures, les tapis de laine et toutes les matières sensibles aux insectes. Les étoffes étaient roulées dans un mélange de menthe, de rue et de sauge sclarea ! C’est cet effet-là qui peut être retrouvé au potager en plantant ces aromatiques à chaque coin et entre les rangs.”
Entretien et récoltes
Chaque plante est différente. Annuelles ou vivaces, parfois petits arbustes, les plantes aromatiques n’ont pas les mêmes besoins. Le persil, le basilic, la ciboulette, l’oseille (et d’autres) se coupent régulièrement pour alimenter la cuisine et repoussent de plus belle tout l’été, jusqu’à la dernière récolte, avant les grands gels, pour une conservation tout l’hiver. D’autres devront être coupées à une période précise, par exemple la lavande en fin de floraison. Le romarin se sectionne toute l’année, mais avec parcimonie en hiver, et toujours sur du bois poussant. Le moment idéal pour cueillir et conserver la plante pour les tisanes et la cosmétique est la période où elle est la plus chargée en huile essentielle : ce sera juste avant la floraison si on ne veut pas récolter les fleurs, et juste au moment de la floraison si on veut les récolter (par exemple pour les roses, dont certaines variétés peuvent être utilisées en cuisine ou en cosmétique).
Conditionner sa récolte
Pour la cuisine, autant utiliser les herbes fraîches à portée de main, pour parsemer d’aromates un plat de crudités, ajouter quelques feuilles de menthe à une tisane ou un thé vert. Mais les beaux jours passés, quel bonheur de pouvoir encore profiter de la récolte de l’été. Certaines herbes aromatiques se congèlent assez bien, lavées et taillées : c’est le cas du persil et de la ciboulette. Pour d’autres utilisations (infusions, pots-pourris…), il faut pouvoir les sécher pour qu’elles se conservent. Pour cela, veillez à les étaler en fine couche dans une pièce aérée, pour que les feuilles ou fleurs perdent leur humidité. Les plantes doivent être maintenues très propres (on peut les recouvrir d’un voile léger). Le séchage est un art à lui seul qui demande du temps et de la place. Mais c’est une manière supplémentaire d’utiliser avec fierté sa récolte de plantes aromatiques en toute saison.
C’est aussi un moyen de faire des cadeaux personnalisés. Un assortiment d’aromates, un pot-pourri, des sachets d’infusion pour le bain ou un bouquet de fleurs séchées, voilà autant d’idées originales pour préparer, quelques semaines à l’avance, des cadeaux de fin d’année.
Christine Raout
Aromatiques en pot
Pas besoin d’avoir beaucoup de place pour obtenir une récolte satisfaisante ou pouvoir humer des parfums agréables. Un balcon, une simple jardinière ou un pot suspendu peuvent suffire à cultiver ses propres plantes aromatiques. Des petits pots prêts à l’emploi de persil, basilic, menthe et ciboulette issus de l’agriculture biologique se trouvent aisément. De quoi, avec un arrosage régulier, débuter facilement et savourer une première récolte quasi-immédiate. Des vivaces se plaisent aussi en pot comme l’oseille, le thym ou un laurier. Certains jardiniers seront certainement heureux de vous donner un pied de menthe ou une partie de leur pied de ciboulette à replanter.
Un livre pour bien débuter
Brigitte Lapouge-Déjean, jardinière bio, a coécrit un ouvrage qui guide le lecteur de la culture des plantes à leur utilisation en cuisine, pour parfumer la maison, prendre soin de sa peau ou même se soigner. 58 fiches sur des plantes aromatiques (description, variétés, plantation, entretien et conseils d’utilisation) permettent de faire des choix éclairés, et de glaner des nouvelles idées pour son jardin. Des conseils pratiques sont donnés en fin de livre pour la cueillette, le séchage, le conditionnement, la récolte sauvage, ainsi que pour confectionner des produits cosmétiques et culinaires. Avec, en plus, quelques recettes de cuisine pour profiter de toutes ces saveurs.
Créer son jardin d’aromatiques bio. Tout savoir pour les choisir, les cultiver, les utiliser, Nathalie David-Bernadat, Sylvie Hampikian et Brigitte Lapouge-Déjean. Édition Terre Vivante.