Les humains mangent de plus en plus de viande, au détriment de la planète. Pollution des sols et de l’eau par les élevages industriels, disparition des forêts pour implanter du soja destiné à nourrir les batteries de volailles, bien-être animal bafoué, émissions en hausse de méthane issu des ruminants, antibiorésistance… Les critiques sont vives pour dénoncer les abus de ces excès de protéines animales, tant sur l’environnement que sur la santé. Pourtant, la viande devient obligatoire !
Un décret contesté
Sous prétexte d’améliorer l’alimentation des scolaires, la France impose désormais aux cantines d’incorporer des protéines animales, avec des minima fixés pour la viande et le poisson, dans tous les menus. Le nouveau décret, daté du 30 septembre, interdit par conséquent les plats alternatifs végétariens, ou les recettes avec des portions limitées en protéines animales. Si le but est de garantir des repas plus équilibrés – le décret oblige aussi à réduire le sel, le sucre et les graisses, ce qui est positif –, il est regrettable que le rôle des protéines végétales (lentilles et autres légumineuses) soit bel et bien ignoré. Pas de doute, le lobby de la viande industrielle est très puissant… mais peu scrupuleux : selon une enquête datée du 21 octobre de la DGCCRF (Direction générale de la consommation, de la concurrence et de la répression des fraudes), la viande en restauration collective serait de piètre qualité, trop grasse et fibreuse… Pas de quoi régaler les enfants !
Les avantages de la nourriture bio seraient-ils passés aux oubliettes ? Le panel de solutions pour offrir des repas riches sur le plan nutritionnel, équilibrés, savoureux, tout en contribuant au respect de l’environnement, est pourtant large et connu. Manger bio, en diversifiant les sources de protéines, animales et végétales, et en variant le plus possible les plaisirs de la table, apporte des garanties de santé. Pas de résidus de pesticides, ni de risques de résistance aux antibiotiques, pas de pollutions des nappes phréatiques, des portions plus nutritives, des paysages sauvegardés… et des paysans fiers de leur métier, et donc plus heureux… En plus, la réduction des protéines animales contrebalance le surcoût que peut entraîner le juste prix payé au producteur. Les associations demandent donc l’abrogation de ce décret, qui risque de nuire à l’introduction de la bio dans les menus scolaires. L’élevage bio le mérite.
Christine Rivry-Fournier