L’ambiance était plus à la réflexion qu’à la fête, le 14 mai dernier à Aubagne. À l’occasion de ses dix ans, le réseau Alliance Provence a invité deux paysans japonais, habitant proche de la centrale de Fukushima, à venir témoigner de la catastrophe survenue les 11 et 12 mars. “Nous nous demandions comment être solidaires des agriculteurs nippons, explique Gaëtan Vallée, coordinateur d’Alliance Provence. Toshihide Kameda et Shinpei Murakami nous ont dit que le plus important était de leur permettre de témoigner. Pou que le débat sur le nucléaire reste d’actualité.” Trois cents personnes s’étaient déplacées pour les écouter : la plupart sont restées sans voix face à ces témoignages poignants et violents, très difficiles à retraduire. Les paysans ont raconté heure par heure ce qui s’est passé. Ils ont évoqué la solidarité, qui s’est beaucoup jouée en local. “L’impact économique est important pour eux, comme pour de nombreux autres paysans, continue le coordinateur d’Alliance Provence. Mais l’enjeu dépasse les situations personnelles, nous ont-ils dit. On voit à quel point tout est lié : agriculture, choix énergétiques pour ou contre le nucléaire… Au Japon, les conséquences de la catastrophe de Fukushima sont énormes, notamment sur l’agriculture et l’autonomie alimentaire du pays.” Point commun entre les Amapiens de Provence et les paysans japonais : les teikei, premières formes de “paniers”, sont nés il y a quarante ans au Japon.