Parce qu’il refuse de traiter ses vignes avec un dangereux pesticide, Emmanuel Giboulot, viticulteur bio à Beaune (Côtes d’Or), encourt jusqu’à 6 mois d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende.
C’est aujourd’hui 24 février que le viticulteur doit répondre de ses actes devant le tribunal correctionnel de Dijon. La décision du tribunal sera rendue mi mars.
Rappel des faits
En juin 2013, pour contrer un risque d’épidémie de flavescence dorée, une maladie de la vigne, le préfet de Côte-d’Or prend un arrêté radical : tous les vignerons devront traiter, par prévention, leur vigne contre la cicadelle, l’insecte qui répand la maladie.
Cette décision condamne les abeilles et la faune auxiliaire. Car même l’insecticide le moins polluant détruit toutes sortes d’insectes nécessaires à la régulation de la vigne permettant d’éviter les parasites.
Or, depuis plus de 40 ans, Emmanuel Giboulot travaille à préserver les équilibres biologiques et biodynamiques de sa vigne. Il décide donc de lutter contre la cicadelle en recourant à des traitements naturels bien connus des agriculteurs bio.
Des alternatives naturelles efficaces
En effet, il existe plusieurs moyens de protéger les vignes contre la cicadelle tout en respectant l’environnement :
-les vignes peuvent être protégées avec des fougères et de l’argile calciné ;
-des pièges à cicadelle peuvent être installés ;
-on peut aussi poser entre les pieds de vigne de la paille d’avoine ou du papier d’aluminium, dont la forte intensité lumineuse empêche l’insecte de se poser.
Mais surtout, c’est en préservant la biodiversité qu’on lutte le mieux contre la cicadelle car l’insecte est apprécié de nombreux prédateurs dans la nature. Le problème est que ces prédateurs, les araignées, la mante religieuse et certains types de punaises, ont aujourd’hui été éradiqués dans les vignes non biologiques, où la faune est ravagée par les insecticides.
Emmanuel Giboulot est appuyé par l’Institut pour la Protection de la Santé Naturelle qui a lancé une pétition en sa faveur. Elle vise à épauler le viticulteur accusé mais aussi à défendre une agriculture responsable. Pour le bien de tous. Plus de 400 000 signatures ont été recueillies.