Pour isoler la maison, il existe désormais toute une gamme de matériaux différents. Sains, écologiques et pouvant même améliorer la qualité de l’air intérieur. Mais leur efficacité dépend beaucoup de leur mise en œuvre.
Économies d’énergie obligent, l’isolation est devenue un investissement incontournable pour la maison. La réglementation thermique des logements neufs évolue dans ce sens et prévoit désormais une consommation d’énergie primaire inférieure à 50 kWh/m2/an (valeur moyenne pour la France métropolitaine) contre 150 kWh/m2/an pour l’ancienne Réglementation Thermique de 2005. L’intégration d’un nouveau coefficient, appelé Bbio (Besoin Bioclimatique) rend compte de la qualité de la conception et de l’isolation du bâtiment, indépendamment du système de chauffage. L’écoconception des produits d’isolation est également un critère important à prendre en compte tant pour le respect de l’environnement que pour la santé des personnes occupant le logement. Mais hormis le label “Ange Bleu” ou “Nature Plus” qui reposent sur une analyse fine du cycle de vie des produits fabriqués en Suisse ou en Allemagne, il n’existe en réalité aucun label capable de vérifier le caractère “naturel” ou “écologique” des matériaux. “Deux produits de la même famille peuvent se révéler totalement différents”, constate Nicolas Pascual, conseiller technique à la Capeb des Pays-de-la-Loire. Ainsi, les différentes laines d’origine animale ou végétale contiennent, la plupart du temps, des fibres polyesters dans des proportions variant de 10 à 30 %. Seule la transparence du fabricant sur la composition de ses produits représente donc un gage de confiance.
Ecoconception des produits
Le choix de l’isolant s’effectue généralement en fonction du support, des objectifs à atteindre en termes d’isolation thermique et phonique, de la configuration des lieux, de l’origine du produit et, bien sûr, du prix que chacun est prêt à payer. Le coefficient lambda représente le pouvoir isolant du matériau. Plus le chiffre est petit, plus le produit est isolant. Le chanvre est l’un des grands classiques de l’isolation naturelle. Son pouvoir respirant permet de l’utiliser aussi bien en construction neuve qu’en rénovation pour l’isolation des murs, du toit et du sol. Douce et très agréable à mettre en œuvre, la laine de mouton est également un bon isolant thermique. Elle a l’avantage de pouvoir absorber une grande quantité d’eau (jusqu’à 33 % de son poids) qui permet de l’utiliser même dans des situations très humides. L’isolant en plume est un produit breveté. Il contient en réalité 70 % de plumes de canard, 10 % de laine de mouton et 20 % de fibres polyesters liant l’ensemble. La ouate de cellulose est également un isolant très en vogue. Pour cause, elle présente un excellent rapport qualité/prix lorsqu’elle est posée en vrac par des professionnels (de 15 à 40 euros/m2 pour 200 mm d’épaisseur). Le liège est aussi un excellent isolant thermique et phonique. Il est imputrescible, incompressible, ininflammable et peu propice aux attaques d’insectes et autres animaux. Mais son prix, très élevé, le limite généralement à des usages plus spécifiques comme l’isolation des salles de bains, par exemple, ou des planchers pour le confort acoustique. La fibre de bois est également à matériau haut de gamme apte à réduire à la fois les consommations d’énergie liées au chauffage et à la climatisation et à réguler l’hygrométrie du bâtiment. Ainsi, la structure du bâtiment est mieux préservée, de même que la qualité de l’air intérieur. Il existe enfin, depuis peu, des isolants fabriqués à partir de vieux textiles collectés par des associations caritatives. Traités contre les moisissures et les insectes, ils incorporent entre 15 et 20 % de fibres thermofusibles. Les performances sont comparables aux autres matériaux d’isolation pour un prix parfois très attractif.
Isolation par l’extérieur
Quel que soit le matériau utilisé, l’Isolation Thermique par l’Extérieur (ITE) reste la solution la plus efficace. Elle est surtout utilisée en rénovation car elle réduit efficacement les ponts thermiques tout en conservant le volume habitable. Mais elle tend également à se développer dans le neuf où son efficacité est aujourd’hui largement démontrée et permet de répondre aux évolutions de la Règlementation Thermique. Les industriels de l’isolation proposent des produits adaptés aux problématiques de l’ITE. Il s’agit de panneaux de forte densité (>140 kg/m3) suffisamment rigides pour répondre aux contraintes de résistance mécaniques et de durabilité exigées par ce système. Moins sensibles au tassement, ils assurent une isolation efficace dans la durée. Les panneaux sont directement collés ou fixés mécaniquement sur les parois à l’aide de chevilles conçues pour les matériaux isolants. Ils peuvent ensuite être enduits ou recouverts par un bardage.
Étanchéité à l’air
Lorsque la maison est bien isolée, l’essentiel des pertes de chaleur s’effectue par le renouvellement d’air via le système de ventilation. Pour que celui-ci joue pleinement son rôle, il est important de maîtriser les fuites et entrées d’air froid qui se situent au niveau des ouvertures, au passage des canalisations ou au niveau des raccords entre les parois. L’étanchéité à l’air peut réduire jusqu’à 20 % la consommation d’énergie. Elle assure également la pérennité du bâtiment et améliore la qualité de l’air intérieur. L’infiltrométrie, ou “Blower door test” a été mise au point pour vérifier la perméabilité à l’air de l’enveloppe d’un bâtiment. Cette opération peut être réalisée par le professionnel qui viendra poser la ventilation. Idéalement, le renouvellement d’air d’une maison passive ne doit pas dépasser 0,6 fois le volume de la maison. “Une bonne coordination entre les différents corps de métier est importante pour obtenir ce résultat”, prévient Christophe Carpentier, gérant de la société Ekohome à Royan. “Les professionnels qui interviendront sur les parois du bâtiment devront notamment prendre soin de ne pas détériorer la membrane d’étanchéité à l’air”. Certains matériaux de construction sont naturellement étanches à l’air. C’est le cas, par exemple, de la brique monomur, du béton cellulaire ou de certains madriers de bois utilisés pour les maisons en bois massif. Les points singuliers, tels que les cheminées, canalisation et autres éléments traversant la paroi, devront cependant être traités avec précaution pour éviter les passages d’air et les ponts thermiques à ces endroits. “Une simple gaine électrique peut être à l’origine de déperditions importantes”, insiste Thomas Dahlent, responsable marketing chez Doerken. Il existe, pour résoudre ce problème, des manchettes de conduit ou des rubans adhésifs souples et élastiques aptes à épouser parfaitement le profil des tuyaux et des câbles.
Pour l’isolation des combles ou d’une maison à ossature bois, l’installation d’un pare-vapeur entre l’isolant et le revêtement intérieur est indispensable. Les lès du pare-vapeur doivent impérativement être collés et non pas agrafés ou cloués. Des accessoires de collage spécifiques sont proposés par les différents fabricants : colles ou bandes adhésives double face que l’on applique sur les montants en bois. Il est très important de veiller à la qualité des produits adhésifs. Des produits de moins bonne qualité peuvent contenir des solvants et des résines susceptibles de polluer la zone habitable par des émissions nocives pour la santé. Ils peuvent aussi perdre rapidement leur pouvoir adhésif. Des produits efficaces soigneusement installés garantiront la pérennité de la maison.
Philippe Guibert
Le Diagnostic de Performance Énergétique
Le Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) est obligatoire pour tous les logements en vente depuis le 1er novembre 2006 et depuis le 1er juillet 2007 pour la location. Ce document, réalisé par un professionnel agréé, est valable pendant 10 ans. Il a pour objectif d’informer le futur propriétaire ou locataire sur la consommation énergétique du bâtiment et ses émissions de gaz à effet de serre. Il évalue les caractéristiques du logement et de ses équipements, le bon état des systèmes de chauffage fixes et de climatisation, la valeur isolante du bien immobilier. Depuis le 1er janvier 2011, les étiquettes DPE, analogues à celles utilisées pour l’électroménager, sont rendues obligatoires dans les annonces immobilières. Dans le DPE, le futur acquéreur ou locataire trouvera également des recommandations de gestion et de comportement permettant de maîtriser sa consommation. Ainsi que d’autres sur des travaux d’économie d’énergie ou de lutte contre l’effet de serre, sans aucune obligation.