Finie cette odeur puissante et délétère qui imprègne les habits sortis du pressing. La faute au perchloroéthylène, un solvant hautement toxique pour l’environnement, cancérigène probable pour l’homme. Depuis 2007, une dizaine de pressings, rassemblés sous la franchise Sequoia, utilise la technologie Green Earth, moins polluante. Nicolas de Bronac, son président, nous la présente.
Qu’est-ce que le nettoyage à sec Green Earth ?
Cette technologie nous vient des États-Unis. Là-bas, 1 700 pressings l’utilisent (1), on en recense 300 en Grande-Bretagne. En France, 10 pressings l’ont adoptée. Elle est basée sur le siloxane, un dérivé pétrochimique fabriqué à partir de silice, pierre poreuse qui est chauffée puis refroidie via un process technique afin de rester liquide à froid. Le siloxane se dégrade en sable par photosynthèse à 90 % sous 60 jours.
Concrètement, comment procédez-vous ?
On met les vêtements dans le tambour, dans lequel se vide un réservoir de siloxane. La machine tourne pendant une trentaine de minutes puis le siloxane est évacué vers un système de filtre avec distillateur où il est nettoyé, puis redirigé vers le réservoir. Nous utilisons donc ce produit très longtemps. Quand il devient trop sale, il est renvoyé au fournisseur qui le retraite et nous le rend. Nous n’utilisons pas d’eau et rien ne sort dans la nature. Nous avons donc un impact nul sur l’environnement.
Le siloxane est 100 fois moins volatil que les solvants habituellement utilisés par les pressings, peut-on penser qu’il s’imprègne dans les tissus ? N’y a-t-il pas des risques d’allergies cutanés ?
Les machines à sec que nous utilisons sont lavantes et séchantes. Le séchage dure 10 minutes de plus qu’avec des modèles au perchlo de sorte qu’il n’en reste pas dans les vêtements. Le siloxane ne génère pas d’allergie au contact avec la peau, il est d’ailleurs utilisé dans les shampoings 2 en 1.
Peut-on qualifier vos pressings d’écologiques ?
Je préfère parler de pressing de nouvelle génération qui utilise une technologie de nettoyage à sec écologique.
Bien que la technologie GreenEarth ne soit pas labellisée, elle est subventionnée par les Agences de l’Eau et la Médecine du Travail. 30 % des investissements réalisés lors de l’achat d’une machine GreenEarth en remplacement d’une autre fonctionnant au perchlo sont financés.
Chez Sequoia, pour chaque type de tâche, nous appliquons un produit de pré-détachage ciblé, grâce à une gamme de produits spécialement développée en interne. Nous travaillons actuellement à leur certification écologique. Nous accordons aussi beaucoup d’attention aux services rendus en boutiques. Nous remettons les vêtements sur cintre dans un plastique biodégradable fait en flocon de pomme de terre et épis de maïs. Les habits pliés, les draps, les pulls… sont placés dans un sac en papier kraft recyclé et lui-même biodégradable. Les magasins sont équipés d’éclairage leds et les livraisons des vêtements sont organisées la plupart du temps dans des véhicules électriques.
Propos recueillis par Gaëlle Poyade
(1) Depuis janvier 2007, la Californie est devenue le premier État à voter un retrait progressif des machines de nettoyage à sec au perchloroéthylène à l’horizon 2020.