Une maison confortable en toute saison, même sans chauffage : c’est désormais possible grâce aux technologies de pointe. Reste à maîtriser les coûts. Car la facture d’une maison passive peut se monter jusqu’à 25 % plus chère qu’une maison classique en parpaings, isolée par l’intérieur.
La seule énergie qui ne pollue pas est celle que l’on ne consomme pas ! L’adage est aujourd’hui connu de tous. Il trouve son application dans le concept de la maison passive. Celle-ci nécessite moins de 15 kWh par mètre carré et par an pour le chauffage et l’eau chaude sanitaire. C’est 10 fois moins qu’une maison classique, et moins de 120 kWh/m2/an d’énergie primaire tous postes confondus. En 2020, ce sera la norme pour toute nouvelle construction. Pour y parvenir, les constructeurs s’appuient sur des matériaux de qualité, une bonne orientation de la maison et une isolation parfaite de l’enveloppe extérieure. Un soin particulier doit surtout être apporté aux techniques de construction.
Questions de bon sens
La plupart des maisons sont actuellement conçues en fonction des aspects esthétiques et pratiques, avec un accès au garage en voiture, par exemple. Opter d’emblée pour une bonne orientation permet pourtant de réduire effi cacement la consommation d’énergie à moindre coût. L’orientation plein sud favorise les apports solaires en hiver, ce qui est loin d’être négligeable. Afi n d’éviter les surchauffes en été, il faut installer des protections solaires effi caces, tels que des stores extérieurs ou des débords de toiture. Autre mesure favorisant les économies de chauffage : le choix de formes compactes, plus faciles à isoler et qui ne représente aucun surcoût à la construction.
Une isolation au top
L’isolation est évidemment un point important à prendre en compte : dans une maison passive, le coeffi cient de transmission thermique (U) de l’enveloppe extérieure doit être inférieur à 0,15 W/m²K, soit un coeffi cient de résistance thermique (R) global supérieur à 6,5 W/m²K. Mais avant de se ruiner en matériaux coûteux, il est important de choisir les bonnes méthodes. Une isolation par l’extérieur est plus effi cace que par l’intérieur car elle élimine la plupart des ponts thermiques qui peuvent représenter jusqu’à 20 % des déperditions de chaleur. Il faudra toutefois veiller à ce que l’isolation descende jusque dans le sol, au niveau des fondations. Les maisons à ossature bois et les matériaux de construction à isolation répartie, appelés aussi monomurs, présentent le même avantage. L’inertie thermique des monomurs permet, en plus, d’atténuer les pics de température en été. Le coût global est légèrement supérieur aux matériaux de construction classiques. Pour obtenir les performances escomptées, il est toutefois nécessaire de bien respecter les consignes du fabricant et de faire intervenir pour cela un professionnel rigoureux, formé à l’emploi de ces matériaux.
Cher triple vitrage
Les portes et fenêtres peuvent également représenter des points de déperditions importantes de chaleur. En maison passive, le triple vitrage s’impose notamment pour les climats rigoureux. Le surcoût est d’environ 150 euros/m2. Pour autant, celui-ci ne se justifi e pas dans toutes les situations. Et le double vitrage 4/16/4 peut parfois s’avérer plus judicieux. “Ce n’est pas tant par le vitrage mais par le châssis que s’effectue l’essentiel des déperditions de chaleur”, estime Marika Frenette, architecte-conseil spécialiste de la maison passive. Le châssis à isolation renforcée limite les ponts thermiques. “Il faut aussi tenir compte de l’orientation. Le triple vitrage peut être utile sur les ouvertures placées au nord mais pas au sud car il ne permet pas de profi ter des apports solaires en intersaison”, remarque Jérémie Joret, chargé de mission à l’association Effi nergie.
Une bonne ventilation
Une fois que la maison est bien isolée, l’essentiel des pertes de chaleur s’effectue par le renouvellement d’air. La technologie appliquée dans les maisons passives est la ventilation double flux qui permet de récupérer plus de 75 % des calocalories de l’air sortant pour les transmettre à l’air entrant par l’intermédiaire d’un simple échangeur de chaleur. La ventilation double fl ux présente cependant deux inconvénients majeurs. Elle est cinq fois plus chère qu’une ventilation simple fl ux ordinaire, sans compter la pose. Et elle nécessite le passage de gaines dans chacune des pièces de la maison. La ventilation simple fl ux hygrorèglable de type B représente une solution alternative. Elle est utilisée dans les maisons dites de “basse consommation”. Elle est trois fois moins chère que la double fl ux, soit environ 700 euros sans la pose pour une maison neuve. Le débit d’air s’effectue en fonction du taux d’humidité de l’air et par conséquent du taux d’occupation des locaux. “Dans certaines conditions, la ventilation simple fl ux hygroréglable peut s’avérer plus économique que la double fl ux car le taux d’occupation d’un logement varie fortement sur la journée et sur la semaine. Elle est particulièrement avantageuse en climat méditerranéen où les fenêtres sont souvent ouvertes. Alors que la ventilation double fl ux est plus adaptée aux climats rigoureux”, estime Jérémie Joret. La ventilation simple fl ux hygroréglable ne permettra cependant pas de répondre aux critères de la maison passive dans la majorité des cas.
Étanchéité à l’air
Pour que le renouvellement d’air soit correctement réalisé et que la ventilation double fl ux joue pleinement son rôle, il est important de maîtriser les fuites et entrées d’air froid. Celles-ci peuvent se situer au niveau des ouvertures mais aussi au passage des canalisations ou aux raccords entre les parois.“Dans le cas d’une maison passive, il n’est pas possible de s’affranchir de l’étanchéité à l’air”, estime Christophe Carpentier, gérant de la société Ekohome à Royan. L’infi ltrométrie, (ou “Blower door test”), a été mise au point pourvérifi er la perméabilité à l’air de l’enveloppe d’un bâtiment. Cette opération peut être réalisée par le professionnel qui viendra poser la ventilation. Les éventuelles fuites peuvent ensuite être détectées à l’aide d’un anémomètre ou avec une fumée artifi cielle. Idéalement, le renouvellement d’air d’une maison passive ne doit pas dépasser 0,6 fois le volume de la maison. Là encore, ce n’est que par une mise en oeuvre rigoureuse qu’il sera possible de parvenir à un résultat honorable. “Une bonne coordination entre les différents corps de métier est importante. Le coût lié à l’étanchéité à l’air est d’environ 1 000 euros. Ce qui est faible lorsque l’on sait quecela permet de réduire de 50 % les besoins de chauffage”, remarque Christophe Carpentier.
Bandes adhésives et joints compressibles
Les professionnels qui interviendront sur les parois devront notamment prendre soin de ne pas détériorer la membrane d’étanchéité à l’air. La pose de bandes adhésives de grande largeur et/ou de joints compressibles sur toutes les jonctions de matériaux ou d’éléments constructifs est indispensable. Au-delà des performances thermiques, l’étanchéité à l’air assure également la pérennité du bâtiment et la qualité de l’air. “Au fi nal, une maison passive bien conçue ne sera pas beaucoup plus chère qu’une maison de qualité aux normes actuelles. Car le coût des matériaux sera compensé par l’absence de système de chauffage”, estime Christophe Carpentier. Si l’on tient compte, en sus, de la hausse des énergies fossiles sur les décennies à venir, la maison passive promet de belles économies à la clé.