Une première mondiale : afin de s’attaquer efficacement au problème du changement climatique et assurer la conservation de l’un des plus grands réservoirs de biodiversités du monde, l’Équateur, par la voix de son président Rafael Correa, avait décidé de renoncer à l’exploitation du gisement de pétrole situé dans la réserve mondiale de biosphère du Yasuni (dans l’Amazonie, au nord-est du pays), région habitée par le peuple Waorani et d’autres tribus isolées. Il espérait compenser cette perte financière en bénéficiant de crédits carbone versés par des pollueurs d’autres régions du monde ayant signé le protocole de Kyoto (potentiel de 1 200 millions de dollars). L’enjeu était d’éviter l’émission de 400 millions de tonnes de CO2, responsable des gaz à effet de serre.
C’était en 2007, et cette prise de position novatrice s’inscrivait dans le plan Yasuní Ishpingo Tambococha Tiputini (ITT) soutenu par les Nations Unies. Six ans plus tard, l’Équateur revient sur sa décision, faute d’avoir pu recueillir suffisamment de fonds, seulement 13,3 millions de dollars, soit 0,37 % des sommes espérées. “Le monde nous a lâchés”, regrette le président, qui a cédé à l’appel des pipelines.
Christine Rivry-Fournier