Coloration : les cheveux donnent le ton

Reflet de notre forme, la chevelure possède un vrai pouvoir de séduction. Depuis toujours, les femmes – et aussi les...

Reflet de notre forme, la chevelure possède un vrai pouvoir de séduction. Depuis toujours, les femmes – et aussi les hommes – l’ont choyée, soucieux de la mettre en valeur, de rehausser ses reflets chatoyants, de changer de look et aussi de camoufler les signes du temps qui passe…

Se teindre les cheveux est devenu monnaie courante. Dans l’Union européenne, près de 70 % des femmes et 10 % des E20_bienetre1hommes auraient recours à ce subterfuge pour déjouer la trace des ans sur l’état de leur mélanine, responsable de la pigmentation capillaire. Pourtant, il est urgent de se faire des cheveux quant à l’usage des teintures chimiques qui inondent les rayons des supermarchés ! Leur succès ne se dément pas, s’appuyant sur un marketing redoutable. Et ce, malgré les fortes présomptions portant sur leur toxicité, autant pour la santé de l’utilisateur que pour celle de la planète. Ces colorations chimiques intègrent des molécules résultant de procédés de fabrication polluants et nombre d’ingrédients de synthèse entrant dans leur composition ne sont pas dégradables.

Éviter les risques

Certes, l’oeil de l’Union européenne veille. Le Comité scientifique des produits de consommation (CSPC) reste en effet très vigilant sur les substances autorisées dans l’Union européenne et, après évaluation, en a déjà interdit plusieurs dizaines en 2007, suspectées de provoquer l’apparition de cancers, notamment celui de la vessie. Reste que les molécules licites ne sont pas forcément inoffensives, et que de nouvelles menaces apparaissent : outre les risques reconnus de démangeaisons et d’allergies, le lien entre colorations chimiques régulières et cancers est suspecté. Les coiffeurs sont également concernés. “J’ai souffert pendant des années d’allergies cutanées sur les mains et les avant-bras, qui m’ont obligée à stopper l’utilisation de ces produits de synthèse”, raconte Chantal Guérin, ancienne formatrice-coiffeuse chez Bleu Vert, société distributrice des produits Logona. Loin d’être anodines, ces substances traversent la barrière cutanée pour s’immiscer dans l’organisme. Rien ne sert de mettre des gants pour l’application si on s’en tartine allègrement le cuir chevelu, à quelques centimètres du cerveau !

Une approche différente

Il est grand temps de sauter le pas en optant pour des teintures naturelles basées sur des pigments végétaux. “ Cela nécessite une approche différente, moins radicale, une obtention de la couleur désirée plus progressive, admet Chantal Guérin. Le résultat n’est pas instantané, opaque et uniforme comme en conventionnel. C’est comme en peinture, entre le laqué et le lasure, il faut plusieurs couches pour une intensité de teintes. Ces colorations apportent un effet voile qui s’accumule et se superpose.” De plus en plus de coiffeurs s’y intéressent et en proposent dans leurs salons. Mais la vigilance s’impose. Car, seules quelques marques bénéficient d’un label de cosmétique naturel. Logona, estampillée BDIH et pionnière sur le marché depuis trente ans, en fait partie. “En Allemagne, la coloration végétale est une évidence pour nombre d’utilisatrices, explique Patricia Cleyet, conseillère pour Bleu Vert. En France, la prise de conscience est plus lente, mais on sent un intérêt grandissant, signe d’une évolution profonde des mentalités.”

Changer ses habitudes

Manger bio est une chose. Changer ses habitudes en matière de coloration en est une autre. Pas si évident pour tout le monde, semble-t-il. L’option végétale, pourtant plus respectueuse du cheveu, souffre d’un déficit d’image, dû aux contraintes d’application. Le souvenir d’une poudre de henné impossible à rincer et qui redécore toute la salle de bain peut être à l’origine du blocage. Pourtant, est-ce une bonne raison pour persister dans le tout chimique si agressif ? “Il faut démystifier l’usage des teintures végétales, notre gamme bio est très facile à utiliser, même si parfois le temps de pose est plus long et le résultat plus aléatoire, continue Patricia Cleyet. Il est conseillé de persister pour obtenir la nuance désirée, adaptée à la carnation, tout en profitant de l’effet soins qui rend le cheveu beaucoup plus sain, brillant, avec du volume”. Logona propose poudres et crèmes à base de végétaux, de henné bien sûr, mais aussi de brou de noix, racine de rhubarbe, cassia, feuille d’indigo, racine de rathania, écorce de bourdaine, hibiscus, café, betterave rouge, extraits d’algues, curcuma, parfois certifiés bio. Les produits sont enrichis en protéines de blé et huile de jojoba. Les tons obtenus gagnent en profondeur, “et la couverture des cheveux gris en est nettement améliorée”, précise l’ambassadrice de la marque. Les extraits d’algues rendent le mélange homogène et plus épais et la coloration ne coule plus : “Ces produits gainent la fibre capillaire, mais ne pénètrent pas, assure Chantal Guérin. On accompagne le cheveu qui choisit sa coloration sans la subir.”

Des reflets chauds

La coloration végétale apporte des reflets plus chauds, mais aussi des blonds beiges ou vénitiens. Tout dépend de la base. Mais elle ne peut éclaircir, car elle n’a pas recours à l’oxydation, donc ne modifie pas la structure du cheveu. Une brune ne pourra jamais espérer devenir blonde. “Elle peut foncer de 2 ou 3 tons”, précise la coiffeuse-formatrice. Rester dans les mêmes nuances que sa teinte naturelle a l’avantage d’éviter au maximum “l’effet racine”, lors de la repousse. Poudres et crèmes se mélangent entre elles, pour des effets personnalisés. Logona conseille de préparer sa chevelure avant la première application à l’aide d’un masque réparateur, à base d’argile verte et d’extraits de bouleau. L’objectif est d’évacuer d’éventuels résidus de coloration chimique ou des produits coiffants conventionnels, à base de silicone, qui gainent les fibres. Si les cheveux sont plutôt secs, la société conseille un ou deux masques préparateurs à quelques jours de l’application. En cas de cheveux gras, l’idéal serait d’en faire au moins quatre. “L’important est d’effectuer un nettoyage maximum, pour ouvrir les écailles afin que la coloration naturelle adhère le mieux possible”, insiste Chantal Guérin.

Le cheveu respecté

E20_bienetre2Chez Terre de couleur et sa marque Aube indienne, qui n’affiche pas de label, une “détoxination” complète, à base de différentes argiles, est conseillée avant la coloration. “Nous estimons cette étape essentielle, même si elle s’avère un peu contraignante”, explique la jeune marque tourangelle, fondée par Rémi Guyomarch. “Cela soigne le cheveu abîmé, puis permet à la teinture 100 % végétale de s’implanter dans les meilleures conditions.” Chez Couleur Gaïa, autre marque de teinture capillaire aux ingrédients végétaux, même credo : “respecter le cheveu, le soigner, considérer sa matière vivante, c’est notre mission”, expliquent les fondatrices de la société. De son côté, le site www.aroma-zone.com propose des masques colorants à faire soi-même à base de pigments végétaux garantis 100 % naturels, sans sels métalliques. Au travers de recettes détaillées et illustrées de photos de nuanciers, chacun peut évaluer quels tons il est possible d’obtenir en fonction de sa couleur de base et du pourcentage de cheveux blancs. De nombreuses plantes séchées aux propriétés tinctoriales y sont proposées, ainsi que des végétaux pour nettoyer et purifier le cuir chevelu (écorce de bois de Panama en poudre, poudre de Shikakaï fruit de l’Acacia concinna…). On y trouve une large palette d’ingrédients colorants, de la poudre de caramel au jus de betterave bio, en passant par la poudre de châtaignier ainsi que des hennés. Il suffit de tester, pour trouver la couleur en harmonie avec sa personnalité.

Christine Rivry-Fournier

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